Documentaire

Loin des Stars

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Présentation

Elles sont au collège ou entrent au lycée, leur point commun : se retrouver chaque semaine au stade de foot, leur seconde maison, pour un match ou un entrainement. Adolescentes ordinaires, footeuses anonymes dans un club rural, nous les suivons dans leur quotidien, entre les épreuves sportives et scolaires, entre les complicités et les frustrations. Elles s’amusent avec insouciance, expriment leurs ressentis, leurs doutes. Au fil des mois et des années elles grandissent et sont confrontées à leur avenir à construire.

Le projet

Eléments narratifs envisagés

Un village lorrain et ses vestiges de l’époque sidérurgique et minière, une chambre d’ado, des copines du foot qui se retrouvent pour autour de photos d’enfance. Elles commentent leur évolution physique, parlent de l’avenir. Elles ont déjà tant changé, mais qu’en sera-t-il dans trois ans ? Dans cinq ans ?

Sans le foot, l’ennui guette. Alors on range sa chambre, on regarde des vidéos sur son téléphone. Elles jouent au foot par passion mais surtout pour se retrouver ensemble, se défouler, parler de l’école, des amours, vivre une aventure collective. Les entrainements, c’est sacré. Pluie ou soleil, qu’importe, c’est un évènement à ne surtout pas manquer. On prépare son sac, direction le stade, en bordure du village. Orlane s’y rend à pied, longeant le champ de colza d’où résonnent des grillons. Cassie est déposée à l’entrée par son grand-père, et Julie repense au dernier morceau qu’elle essaie de jouer au piano. Un lieu familier, des sourires, des accolades… Cette ouverture a des allures de photo instantanée, prise sur le vif, dévoilant tout le charme d’un instant si banal mais riche d’insouciance et de complicités.

« Avant les matchs, surtout les déplacements, je te jure je tremble dans la voiture » Orlane.

Chez les filles, une routine s’installe, entre les cours et le foot. Elles sont grandement sollicitées, doivent suivre des consignes bien précises, encaissé des remarques parfois négatives, des profs ou des coachs. Orlane est souvent réprimandé pour ses bavardages, Cassie n’hésite pas à répondre sèchement aux remarques des adultes. En match, l’effort se lit sur les visages en plans serrés. Parfois la frustration est trop grande et il est difficile de retenir ses larmes. De temps en temps elles se retrouvent pour parler de leur actualité, l’ambiance au foot, le bulletin scolaire avec les moyennes... Peu à peu elles de dévoilent et livrent leur ressenti, mais elles restent dans leur bulle d’ados, comme préservées du monde qui les entoure. Bientôt les enjeux vont se faire plus pesant, le monde va entrer dans leur vie, il cessera d’être uniquement une présence extérieure. Il faudra se préparer au bac et définir sa poursuite d’études.

Suivre ces filles tout au long de leur adolescence, avec comme fil rouge le football, permet d’amener de nombreuses questions. Comment vont-elles grandir avec le sport ? Vont-elles davantage apprivoiser leurs émotions ? Qu’en sera-t-il des liens d’amitié qui les liaient au début du projet, vont-ils se distendre, se renforcer ? Comment évoluera leur motivation, leur investissement à mesure que vont approcher de grandes échéances scolaires ? Quel regard vont-elles porter sur le monde, au-delà de leur village ? Comme un effet de miroir, elles vont grandir et changer sur un territoire en pleine transformation, où s’effacent les dernières traces d’un glorieux passé industriel.

Loin des Stars est un projet documentaire qui embrasse les ruptures et les continuités. Les personnages évoluent à une période de la vie où le temps semble produire des effets accélérés. A 17 ans, Cassie pourra conduire ses camarades à l’entrainement. Elle sera également en droit de voter aux élections présidentielles de 2027. Elle aura auparavant commenté avec une copine les divers tracts des candidats. A 15 ans, la « petite » Orlane jouera dans la catégorie U18, ce qui signifie jouer sur un terrain entier, comme les grandes ! Aujourd’hui, elles jouent, rient et pleurent ensemble. Et demain ? Comment la marche du temps va-t-elle dessiner leur vie ?

Les anonymes

Qui dit sport dit performance et avec elle son mérite. « No time for losers » comme le chantait Freddie Mercury. Il y a les bons et les moins bons. Gloire aux gagnants, huées aux perdants, la réussite détermine une forme de légitimité. Pourquoi mettre en avant des ados ordinaires, des joueuses anonymes dans un club amateur sans prestige ? Après avoir passé en amont près de deux ans dans ce milieu, je me suis rendu compte à quel point le foot était avant tout un rendez-vous intime et social. Intime car il permet de mettre à distance des éléments négatifs du quotidien. « Sans le foot je péterais un câble » me confiait Julie. Social car il permet de nouer des liens d’amitié, de profiter d’une camaraderie. Tout cela passe bien avant la compétition ou une hypothétique professionnalisation. C’est donc un espace d’interactions, de confidences et de complicités où peut s’attarder la caméra pour construire un portrait de ces adolescentes.