Présentation
Pitch
Repenser notre rapport à l’eau c’est repenser notre place dans le monde :
notre rapport à nous-même, aux autres et à notre planète.
Postes recherchés
Producteurs, Productrices, Ingénieur.e.s du son, Directeur, Directrice de photographie, ...
Matériel et accessoires recherchés
Red Camera, sound system, gimblal system
Dates et lieux de tournage
France, Europe, Canada (coréalisatrice sur place)
Stade actuel d'avancement
Pilote, en développement et recherche de production.
Synopsis
Au cœur de notre existence, une goutte d'eau cristallise la quintessence de notre bien commun, de ce dont toute vie à besoin. L’eau rythme les cycles naturels et permet à tous les éléments du vivant de se développer. Pourtant, dans nos sociétés contemporaines dominées par les échanges économiques, nous la considérons bien souvent comme une simple ressource, voire comme un bien : économique ou marchand. Et face au dérèglement climatique, nous commençons à ressentir les conséquences de nos activités et de nos usages - et mésusages - de l’eau douce et même à en payer les conséquences.
Dans un monde où l'eau peut être aussi abondante que destructrice, où son absence peut désertifier et mettre en péril des écosystèmes entiers et sa surabondance entraîner des dégâts catastrophiques en milieu urbain comme rural, elle devient le reflet de notre destin commun à tous. Cette goutte précieuse est bien plus qu'un simple élément chimique ou qu’une ressource qu’il s’agirait d’exploiter, et demeure ce que la vie a de plus précieux, voire de plus inestimable. Et pourtant, elle est prélevée, assainie, distribuée, gaspillée, plastifiée, privatisée, souillée, purifiée - sous l’Anthropocène, l’eau est marquée par l’empreinte et les voies des humains et son accès est encore problématique pour 30 % de la population mondiale, selon l’UNICEF, soit 2,1 milliards de personnes souffrant d’un accès à de l’eau potable et salubre à leur domicile.
Comment considérons-nous l’eau et comment devrions-nous la considérer ? Comment estimer cette valeur que nous lui attribuons ? Comment repenser notre rapport à cet élément vital afin que l’avenir de l’espèce humaine et de la biodiversité puisse être assuré ?
À travers un périple au cours des cycles de l’eau, naturels et anthropisés, la série de films documentaires interroge des philosophes, des scientifiques et des membres de la société civile engagés sur notre rapport à l’eau et les tensions qui se font de plus en plus saillantes entre nos usages, nos besoins et ceux de toutes les autres communautés des vivants et l’équilibre planétaire perturbé par nos activités.
Note d'intention
POURQUOI REPENSER NOTRE RAPPORT À L’EAU EST-IL URGENT ?
Repenser notre rapport à l’eau c’est repenser notre place dans le monde :
notre rapport à nous-même, aux autres et à notre planète.
Nous la consommons sans même nous en rendre compte, nous la laissons couler dans l’évier en se lavant les mains ou en attendant qu’elle soit assez chaude pour notre douche ou pour faire la vaisselle. Nous l’achetons par pack de bouteilles en plastique, nous la buvons au robinet, nous la souillons puis nous tirons la chasse. Notre rapport à l’eau, que beaucoup nommeraient comme d’un besoin à une ressource vitale, fait l’objet d’un détournement opéré par le soin de la technique humaine et des sciences qui l’accompagnent, de son milieu dit « naturel » et s’est banalisé. Nous avons canalisé les rivières pour les faire cheminer en ligne droite, les réduisant à une ligne bleue sur une carte. Nos besoins en eau pour notre alimentation et notre hygiène nécessitent la création de réseaux de canalisations, des tuyaux, des infrastructures de prélèvement, d’assainissement, d’épuration. Nous avons « corseté » l’eau[1], nous avons enfermé les rivières en les réduisant à un seul lit et en les déconnectant du sous-sol, où elles s’infiltrent naturellement. Nous avons rendu la terre imperméable. Nous avons incisé les rivières[2]. Nous avons accéléré ses rythmes, nous avons dévié ses cycles, nous avons asséché la terre en rejetant au plus vite nos eaux sales à la mer. Nous avons capturé le petit cycle de l’eau pour l’aménager à notre convenance au détriment des mers et océans, du grand cycle de l’eau, et de la terre. À l’heure où les changements climatiques et environnementaux nous menacent, une chose parait être une urgence : ralentir. Ralentir l’eau, la retenir près de nous - ou plutôt, près de la terre - plus longtemps. Ralentir son rythme, ralentir son usage, ralentir sa pollution.
Ralentir nos modes de vie : pour arrêter d’alimenter le réchauffement climatique et la crise environnementale. Amortir la chute. Éviter le pire. Savoir où et comment atterrir[3] ? Et pourquoi ne pas amerrir, plutôt ?[4]
L’homme moderne pensait pouvoir « dominer la nature », mais il a oublié de penser, ou plutôt de repenser sa propre nature, son rapport à l’environnement, noyé dans ses cultures du progrès, de l’urbanisation, de la mondialisation, de l’économie politique, de la performance. Est-il un animal social et politique déconnecté du reste du vivant ? Pourquoi se pense-t-on encore si supérieur ?
Aveuglé, notre désir de contrôle est devenu incontrôlable, en proie à la prédation et à l’extractivisme qui dirigent nos économies mortifères. La population mondiale se réveille assoiffée ou sous les eaux, tandis que les puissants se construisent des yachts et des navettes spatiales. Nous ne sommes pas tous dans le même bateau, mais notre trajectoire est la même. La même tempête nous attend à l’horizon. Le cap est lancé, il n’est plus possible de l’éviter. Que nous soyons embarqués à bord d’un avion ou d’un navire, nous ne pourrons pas échapper à l’ouragan que nous avons contribué à créer. L’enjeu n’est pas le navire, mais l’avenir. Comment s’en sortir ?
Les Nations unies et les scientifiques semblent être unanimes, il faut pourtant changer notre paradigme de l’eau. L’hydrologue slovaque Michal Kravcik a commencé à employer le terme de « nouveau paradigme de l’eau », dans une publication de 2007, où il étudie avec son équipe de chercheur.e.s notre impact sur le petit cycle de l’eau, à force d’aménager la terre. Pourtant depuis, ce nouveau paradigme à pourtant du mal à immerger et nous continuons d’assécher et d’appauvrir les sols. En 2022, la France lance un programme de recherche de dix ans, copiloté par le CNRS, le BRGM et INRAe nommé OneWater - Eau bien commun pour répondre au défi du XXIe siècle et vise « à développer les connaissances dans le domaine de l’eau pour changer de paradigme et réhabiliter l’eau comme bien commun ».
[1] Baptiste Morizot, Suzanne Husky, Rendre l’eau à la terre, (2024).
[2] Ibid.
[3] Bruno Latour, Où atterrir ? (2017).
[4] Olivier Hamant, Thinkerview, Survie dans le chaos : La robustesse à l’épreuve.
Mais peut-on réellement compter sur les scientifiques, pour régler des problèmes qu’ils ont notamment contribué à causer eux-mêmes ? Les réponses, on le sait, doivent être politiques, avant tout. Mais les politiques se croisent et s’entrechoquent lorsqu’on en vient à parler de gouvernance de l’eau. S’y mêlent des questions sociales et d’économie. Pendant longtemps, la délégation a une entreprise privée a été privilégiée (Suez, Veolia), mais depuis peu, des collectivités territoriales, des métropoles, des communautés urbaines et d’agglomérations commencent à reprendre le service d’assainissement et de gestion des eaux en régie publique. La métropole de Lyon propose à ses habitants, à partir de janvier 2025, une tarification dite « solidaire » dont les 12 premiers mètres cubes d’eau sont gratuits, suivie d’une grille progressive pour inciter les économies d’eau et faire payer plus cher les gros consommateurs. Cette politique sociale a été décidée avec la mise en place d’une assemblée citoyenne engagée à comprendre les enjeux et à participer à la prise de décision. Un nouveau mode de démocratie active et participative qui semble redonner une certaine agentivité[1] aux citoyen.ne.s, qui se sentent souvent dépassé.e.s et impuissant.e.s en matière d’impact sur l’environnement et de décision politique.
C’est d’ailleurs du côté de la société civile, associations, collectifs et soulèvements que la terre gronde le plus fort et que les eaux brassent le plus. Directement opposés au monopole légitime de la violence de l’État, les activistes et manifestants sont en premières lignes de la guerre de l’eau qui oppose les tenants des projets de mégabassines et de ceux qui s’y opposent, prêts à se faire gazer par les forces de l’ordre. Les événements de Sainte-Soline en 2023 en témoignent, les enjeux de gouvernance et de gestion de l’eau sont explosifs. Et les faveurs de l’État envers le monopole de l’agro-industrie au détriment de l’agriculture paysanne incarnent le déséquilibre de la valeur et de la saveur que l’on attribue encore trop souvent à l’eau : celles de l’argent.
Comment se reconnecter à l’eau et à la terre ? Quelles sont les « solutions » dites « fondées sur la nature » ou « low tech » qui permettraient de régénérer les rivières et les cours d’eau que nous avons acheminés et bétonnés pendant si longtemps ? Est-ce que le savoir-faire millénaire des castors[2] pourrait nous aider à soigner la terre, l’eau et nous, en même temps ? Est-ce que nous pourrions nous inspirer de la sagesse des peuples premiers d’Amérique et de leur alliance avec leur « aîné » le castor, ou sommes-nous réduit à nous sentir au-dessus du reste du vivant par les cultures et les pressions anthropiques qui nous surmènent, nous encadrent et nous normalisent ?
Les réponses émergent de partout, mais les leviers pour les mettre en œuvre à grande échelle semblent encore faire défaut. Le raz-de-marée est devant nous. Allons-nous réussir à construire des digues assez résistantes ? Allons-nous nous enfoncer dans les terres ? Ne faudrait-il pas commencer avant tout par rendre l’eau à la terre ?
L’eau est plus qu’une ressource, plus qu’un commun, c’est l’élément essentiel à toute vie sur terre. La question de notre rapport à l’eau est une affaire publique, une res publica, qui dépasse la société humaine afin de créer une discussion démocratique englobant toutes les communautés du vivant et pour espérer un avenir souhaitable pour toutes les espèces.
[1] Francisation du concept d’ agency de Judith Butler qui correspond à la capacité d’action d’un individu dans son environnement, sa capabilité à agir et/ou à influencer son entourage, développé dans Gender Trouble : Feminism andthe Subvertion of Identity, (1990).
[2] Baptiste Morizot, Suzanne Husky, Rendre l’eau à la terre, auparavant cité.
Extrait de la continuité dialoguée
Matériel de tournage disponible
Liens utiles et informations complémentaires
https://julie-be.com/documenta...